Adieu Théo

1992
Maurice, Rocket, Tremblay croit qu’il suffira d’une visite à son père qui se meurt pour convaincre ce dernier de ne pas s’en aller.

Adieu Théo

Adieu Théo est l’histoire de la grande déconvenue de Maurice et le récit de l’éclatement de son clan sous l’impact de la mort de Théo.
Tout au bout du conte, sa mère prend sa retraite de la famille. Les enfants, dispersés, refusent d’inscrire leurs noms d’avance sur la pierre du cimetière avec celui de leur père,.

L’histoire d’Adieu Théo est triste et belle. Connue. Presque déjà vue. Sauf que ses vingt-trois premiers chapitres sont coiffés par des manchettes qui parlent d’autres choses et d’ailleurs:

«Une deuxième guerre civile se prépare en Algérie.»

«En Thaïlande, près de quarante pour cent des prostitués et prostituées ont moins de seize ans.»

Vingt-trois exergues de chapitre comme celle-ci. Le constat global qui s’en dégage est effarant mais cela ne rejoint aucunement Maurice qui tourne en rond depuis dix-huit ans à l’Aréna de Montréal: Il n’est pas là où il devrait se trouver. Tiraillé entre l’image glorieuse de son père pissant debout et l’idée que l’homme s’est peut-être levé seulement pour être certain, comme le Pépé, de ne pas mourir couché. …

L’histoire de Maurice et de son clan se déroule comme si ailleurs n’existait pas. Vingt-trois chapitres. Jusqu’à l’éruption de la voix de l’enfant soldat Cabot au milieu de la page de l’histoire de Maurice. Un nouveau récit est saucissonné dans le premier; une deuxième fiction (pour faire plus vrai…) pour percer le mur de notre confort douillet :

On m’appelle Cabot. Je suis caché depuis hier matin avec mon fusil automatique et trois chargeurs dans un bosquet du champ de mines entre le village et le camp.
La vengeance de Cabot est brutale, crue et désespérée. Elle prend de plus en plus de place et dérange la lecture de l’histoire de Maurice et de la mort de Théo. La chose est voulue.
Contrairement aux vingt-trois manchettes – vraies et faciles à ignorer – on trouvera, espère l’auteur, l’histoire inventée de Cabot à peu près impossible à zapper. L’ensemble donne une façon risquée et peu ordinaire de raconter. Il en convient.

Adieu Théo est le deuxième roman de Marc F. Gélinas et le tome II, autonome, de la trilogie Chien vivant. Chacun des romans développe son propre récit, a sa facture propre, chacun couvre une époque différente de la vie du Rocket et chacun peut se lire seul.

Lisez les premiers chapitres d’Adieu Théo.

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