Dimanche matin

Dimanche matin.
Le soleil à la fenêtre
Et nous paresseux dans nos quatre pièces
Baignant dans nos pas perdus
Presqu’heureux, tout à fait oisifs.
Nous, trempés dans cette vacance de gestes et de mots habituels
S’initiant à une paix première
Nous, revenant à la démarche des fauves
Neufs et empreints du goût d’une danse nouvelle.
Nous vivons ce jour en marge de nos vies.
Chose précieuse.
Nous dansons cette pause
Hors de nous et de cette course au pain quotidien
Comme le fruit inaccoutumé du labeur
Étonnés devant ces pays profonds de nous mêmes
Que l’on survole aveuglément à force de vitesse toute la semaine.
Dimanche matin
Les arbres à la fenêtre me font de grands gestes muets
Le soleil dessine ombres et lumières aux carreaux du parquet.

Juillet 1963

Seuls ……. C'est toi